feed
 
NOUS SUIVRE
A LA TRACE
Position GPS &
Journal du jour

 
 
Suivez notre aventure et recevez le journal de bord,
ABONNEZ-VOUS
 
 
 
 
Entreprise ou particulier, vous souhaitez nous soutenir dans notre aventure ?
  

Accueil Journal de bord PROVIDENCIA - 27/01-07/02 - C'était donc ben fun !

C'était donc ben fun !

 

Ahhh… Providencia… quel nom parfait pour ce petit bout de caillou, paradis terrestre idéalement situé à mi-chemin entre le large de la cote nicaraguayenne et le goulet d'étranglement du Panama. Une halte salutaire pour tous les plaisanciers qui montent ou qui descendent, ballet incessant de voiles et de navigateurs fourbus qui arrivent du Nord comme du Sud, généralement ballotés et ballonnés, trop heureux de s'ancrer dans les eaux cristallines de ce petit Eden.

 

Nous en avions tant entendu parlé, toujours en bien, et attendions avec ferveur cette halte, que, des que les moussaillons ont crié, comme à l'accoutumée, "terre en vue!!", nous en étions déjà tombés amoureux.

 

Toute petite mais riche en plages de sable fin, désertes à souhait, avec juste ça et là un petit bar rasta ou un coin de restaurant aux effluves de poissons et langoustes grillées (nous ne nous sommes bien sur pas contentes des effluves!), eaux cristallines, habitants accueillants et détendus, bien loin des affres du pays mère colombien.

 

Providencia est à la Colombie ce que le Roatan est au Honduras, sa petite perle des Caraibes, tranquille et suffisamment éloignée du continent pour se préserver de la violence et des dérives criminelles de la pauvreté.

 

Chacun sur l'ile a son rôle et sa place semble-t-il.

 

L'incontournable Mister Bush, qui, sous couvert d'agent des plaisanciers, parait en réalité gérer l'ile à lui tout seul et inspirer un respect (une crainte?) à tous ses congénères. Quoi que vous demandiez sur l'ile, on vous oriente toujours vers lui. Je me hasarderais même à dire qu'on vous oblige à passer par lui mais je tiens à ma peau, je me contenterais donc de reprendre la phrase et le ton enjoué de Lanny, notre voisin bateau vétéran du Vietnam: "anything you need on the island, just ask Bush!".


Homonyme du tant célèbre que dégénéré président américain, on sent tout de suite qu'il vaut mieux être avec lui que contre lui, encore un désagréable parallèle avec le prédécesseur d'Obama…

 

Il y a aussi la vieille Barbara, sur la presque-ile de Santa Catalina, qui semble la seule à posséder une machine à laver. Là-bas, point de lavomatic, alors que même sur l'ile la plus désolée des Bahamas, nous en trouvions toujours un. Non, à Providencia, tous les chemins mènent a Barbara. Aucun des habitants interrogés, bien que semblant hésiter quelques instants, ne s'est aventuré à m'indiquer une autre adresse ni proposer ses propres services. Ici, la laveuse de linge en titre, c'est Barbara. Le lavage de linge le plus cher au monde… presque 1 dollar la pièce! Le monopole et ses avantages est une notion savamment implantée sur ce minuscule point isolé sur la carte de la mer des Caraibes… Allez, je dois être fair play tout de même, je n'ai jamais récupéré un linge aussi propre et odorant que celui sorti des machines de Barbara. Au prix du neuf certes, mais comme neuf!


Ce décor planté, revenons à nos quillons.

 

La halte à Providencia, en plus du repos et des ballades fort appréciées, apporte à nouveau son lot de rencontres. Et ce sont bien elles qui rendent le voyage si fort et si vivant.

 

Nous approfondissons notre relation avec Keith et Lanny du bateau Sofia, les deux américains rencontrés aux Cayos Cajones. A priori, rien ou presque ne nous rassemble, hormis d'avoir été au même endroit au même moment. Tous deux pourraient être nos pères, l'un navigue seul et répare des bateaux, l'autre est son ami venu lui prêter main forte pour la descente au Panama: Texan avant tout, God bless America et tout le toutim, gout prononce des armes et de la self défense, manuel d'histoire à lui tout seul sur l'origine du Texas, la guerre du Vietnam ou encore le retour d'exil de Napoleon… Bien qu'ideologiquement, tout nous oppose, ils se montrent avec nous d'une grande générosité, nous invitant à découvrir une des plus belles plages de l'ile et sans doute un des meilleurs restaurants, offrant même des cadeaux aux enfants.


Hasard des rencontres et des situations, je me retrouve un soir, à bord de Suricat, à recevoir un cours théorique et pratique de Lanny sur comment me défendre contre un agresseur muni d'une machette, quelles que soient sa taille et sa force, et comment le tuer net au couteau avec un bref et efficace aller-retour facial et pan! dans la jugulaire!


"To kill or being killed, what do you prefer?". C'est sur ce leitmotiv que je passe avec brillo ma ceinture blanche de self-defense à l'arme blanche, sous le regard ébahi et ahuri d'Eric, m'entrainant sur Keith armée d'un rouleau de papier sulfurisé pendant qu'il me menace au rouleau de papier aluminium. Cette scène aurait du être filmée mais pour préserver les âmes sensibles, elle restera juste dans ma mémoire au cas ou, representant à elle seule les moments improbables que nous offre cette vie de nomades des mers.


J'ai bien appris à faire le pain avec une québécoise, extirper et nettoyer des conques avec un américain, faire des bracelets en macramé avec une tchèque, tenir des postures yoga sur la tête avec une américaine, danser une chorée de Beyonce avec une française, je ne vois pas pourquoi je n'apprendrais pas à tuer un intrus au couteau à poisson dans le carre de mon bateau… ça peut toujours faire la différence dans la partie "autres centres d'intérêts" de mon curriculum vitae…

 

Tiens ! Dans le calme du mouillage providentiel, un accent à consonance francophone sur la VHF de nos nouveaux voisins… une petite fille qui se ballade sur le pont… Ca sent bon tout ça… Des demain c'est sur, nous irons voir de plus pres à quoi ressemble ce futur nouveau bateau copain.


Inutile en fait, ce sont eux qui viennent à nous, ayant aperçu le drapeau français pour la langue et les têtes des bébés Suricat pour la situation familiale, Francois, Caroline, Lea et leur chienne Vaga viennent nous saluer au cul du bateau.


Partis contre mer et vent de Bocas del Toro direction la Jamaique, après 4 jours d'agonie lente et atroce, ils se sont déroutés vers Providencia. Dommage pour eux mais tant mieux pour nous car nous ne les quitterons plus jusqu'au départ. Ballades, apéros et diners, jeux des enfants, rigolades, échanges d'infos et d'expériences de vie, découverte commune du joli mouillage de Southwest bay (soit disant interdit, ou en tous cas autorisé au bon vouloir de Mr Bush…).

Apres Lahsa, Blizzard, Friendship, Phileas, Zouk, et encore bien d'autres bateaux à enfants et bateaux copains tout court, c'est maintenant au tour de la joyeuse famille québécoise de Day Break Oceane de marquer l'histoire de Suricat et être les bienvenus à jamais dans notre terrier.

 

Les larmes d'Eden à nouveau le jour ou nos chemins se séparent… Ils continuent leur route difficile vers la Jamaique, nous partons pour les San Blas…

 

Savoir se lier d'amitié sans perdre de temps, et savoir se dire au revoir… Le premier est aisé, le second le sera toujours moins.

 

Nous attendions des conditions propices pour effectuer les 250 miles qui nous séparent des San Blas. Pendant plus d'une semaine, la houle est établie à 4 metres, au travers… De fortes accélérations au large de Carthagene, qui s'enchainent et se ressemblent, engendrant une mer bien peu engageante.

 

Même pas en cauchemard nous ne nous lancerions la-dedans! Les gens du coin (Mr Bush again!) nous laissent entendre que cette partie là du chemin est toujours soumise à une forte houle et au vent et que si nous attendons des conditions douces, nous pouvons aussi bien acheter une maison dans le coin (pourquoi pas à Lazy Hill, le quartier des bureaux de l'immigration, on n'aurait pas pu l'inventer)…

 

Alors nous décidons de "profiter" d'une "simple" houle de 2.5metres et d'un "petit" Nord-Est de 20 noeuds pour partir. Le début semble engageant mais la suite le sera beaucoup moins. Grosse houle qui finit par rejoindre les 3.5 voire 4 mètres par moments, vent bien établi entre 20 et 27 noeuds qui nous permet heureusement d'avancer vite dans cette machine à laver.

Le chemin est long, pas sur la carte mais en ressenti. Seulement 36 heures finalement pour rejoindre les San Blas mais Sturgeron et Mercalm n'y feront rien ou presque, quand ca bouge, ca bouge…

 

Suricat prend bien la mer et les vagues, il se fraie un passage dans cette houle forcissante et ininterrompue, il tremble mais ne rompt pas, il file comme s'il était encore plus presse que nous d'atteindre le calme du mouillage, ou parfois semble davantage se plaire dans ce défi incessant contre son univers. Car il nous surprend à être souvent plus fort que la vague, réussir à la faire glisser sous lui sans qu'elle ne l'ébranle d'abord, parvient à la surfer alors même qu'elle lui arrive dessus de 3/4 avant.

Eric le règle et le soigne mais nous laissons Suricat nous mener à bon port. Maintenant que nous connaissons notre bateau, nous avions confiance en ses capacités et pendant cette navigation difficile, il nous démontre une fois de plus qu'il est à la hauteur de nos attentes.

 

Pour la troisième fois seulement en un an, mais c'est suffisant comme ça, certains passages sont obliges, pas dangereux car nous attendons toujours le temps qu'il faut, mais extrêmement désagréables. La mer ne laisse pas toujours le choix des armes.

 

Mais l'arrivée dans les eaux calmes et claires de l'archipel des San Blas efface presque instantanément ce mauvais moment.


C'est parti pour un mois d'aventure dans cette carte postale isolée du monde !

 

 
Webdesign, photos, videos & visite virtuelle : www.ericpinel.com

 

HD-Background Selector