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Accueil Journal de bord SHROUD CAY - GEORGETOWN - avril/mai : Encore meilleur la 2eme fois !

Encore meilleur la deuxième fois

 

Après quelques jours de grand nettoyage, d'avitaillement en eau (gratuite et facilement disponible au dinghy dock), de défoulement en volley-ball sur la plage des plaisanciers, nous récupérons avec grand plaisir Papinou et Maminou (Jean et Anne-Marie, les parents d'Eric) en ce mi-avril, arrivés après une longue épopée jusqu'au point de ralliement… le parking de l'Exumas Market de George Town.

 

Ce supermarché que d'aucun métropolitain qualifierait de supérette nous apparaît comme le plus beau des Carrefour au fin fond des Exumas, car on y trouve de tout ou presque (tout dépend du prix aussi, le Nutella à 13 dollars, on s'en passera) et ils font même adresse postale et point de retrouvailles avec les visiteurs. Ca devient notre Mèque pour quelques jours.

 

Avant de quitter nos bateaux copains, Yannick de Lahsa nous rend un ultime service au prix de son souffle et presque de ses tripes: il aide Eric a installer notre nouveau génois flambant neuf. L'opération met les deux hommes hors d'haleine et c'est un petit miracle qu'ils arrivent à rentrer le génois. Eric l'a négocié à très bon prix à Bob de Super SailMakers (voir les bons contacts).

 

Suricat a maintenant une nouvelle gueule avec son suncover de génois assorti a son lazy bag et son bimini, il était temps! L'obtention du génois envoyé de Fort Lauderdale à George Town par bateau (G&G shipping) est un parcours du combattant. Nous étions pourtant habitués à Tahiti aux galères du dédouanement mais les Bahamas battent tous les records en la matière. Le coût du fret est dérisoire mais le passage par un transitaire obligatoire. Le remplissage de deux petits formulaires pour les douanes par le broker nous coûte près de 80 dollars alors que nous ne sommes heureusement pas soumis aux droits de douanes car nous sommes un bateau en transit.

 

A présent que nous vivons sur nos économies, le moindre copec sorti prend toute sa valeur. Renoncer au Nutella et dépenser 80 $ dans deux bouts de papiers, voilà qui a tendance à nous retourner l'estomac. Nous préférerions une indigestion à la pâte à tartiner…

 

Ce mois-ci le budget explose entre le nouveau génois, qui s'avère pourtant notre meilleur investissement depuis le début, l'assurance santé pour toute la famille (comme nous n'avons pas la chance d'avoir la Sécu, nous payons l'assurance complète chez Allianz, un petit 4300 euros pour l'année, en espérant ne pas avoir à s'en servir), toucher aux économies pour couvrir également la fraude à la carte bleue dont nous avons été victime sur notre carte polynésienne…

 

Nous en plaisantons entre gens de bateau : l'avantage avec la moindre dépense maritime c'est facile, c'est toujours un chiffre bien rond avec beaucoup (trop) de zéro derrière.

 

Dans le même temps nous nous cantonnons aux pâtes saucisses et au pain maison et y regardons à deux fois avant de s'offrir un paquet de M&Ms… c'est tout le paradoxe de notre nouvelle vie, nous n'avons jamais dépensé autant et jamais vécu aussi simplement…

 

J'imagine que le sentiment est humain mais j'essaie de lutter contre. Chaque déblocage de nos économies pour couvrir les dépenses du mois me crée une véritable boule dans la gorge, qui met plusieurs jours à passer. Cela a beau n'être que des chiffres sur un compte face à des moments de vies inoubliables, et nous avions beau le savoir, je ne m'y fais pas. Il le faudra bien pourtant pour profiter du voyage en toute liberté d'esprit. Le mouron ne sert à rien et gâche parfois les bons moments, alors tout est question de travail sur soi.

 

Le temps y fera peut-être à l'affaire, mais plus il passera, plus le compteur descendra, j'ai donc intérêt à me soigner pour ne pas me laisser étouffer par celle que je surnomme maintenant "la boule"!!

 

Papa Noël n'a qu'à se rhabiller: Papinou et Maminou le surpassent et de loin! 3 valises et pourtant à peine quelques T-shirt et quelques shorts pour eux… tout le reste constitue une liste de mots plus magiques les uns que les autres à nos yeux. Pour n'en citer que quelques uns: poulies, roulettes neuves pour la porte, brûleurs pour la gazinière, vieille chambre à air, fouëne (rf wikipedia), filtres à eau, ferments à yaourt, lampadaires solaires, carte Navionics pour Cuba…

 

Et même une petite touche de glamour avec la surprise des autres grands-parents: de magnifiques sorties de bain Nabaiji brodées à l'effigie des Suricat, quelle classe pour porter haut et loin cette si jolie marque. On ne le redira jamais assez, vive Décathlon.

 

Jean et Anne Marie se font très vite à la vie à bord, à son rythme et ses contraintes quelque peu draconiennes que nous avons instaurées. Pour n'en citer que quelques unes: lavage de pieds dans le pédiluve maison (couvercle de caisse en plastique rempli d'eau douce pour éviter de saler le bateau en arrivant du cockpit), pédiluve trop petit donc bien sûr, un pied après l'autre, douches réduites au jet "pipi de chat" pour économiser au maximum les réserves d'eau (c'est devenu un concours entre Coline et Eden à celle qui utilisera le moins d'eau pour la douche, et elles sont devenues expertes), repas dans les bols en plastique la plupart du temps et utilisation d'un verre pour deux très souvent (mais là c'est plutôt la flemme de la vaisselle annoncée qui joue), vaisselle à l'eau de mer pour rinçage toujours "pipi de chat" à l'eau douce en ultime recours, pas de miettes ni de sable à l'intérieur sous peine de bannissement pur et simple du bateau…

Leurs expériences précédentes de semaines en voilier les avaient bien préparés et ce sont donc des hôtes remarquables qui nous accompagnent pendant ces 15 jours.

 

Nous remontons 80 miles au nord pour refaire la route depuis Shroud Cay jusque Georges Town pendant leur séjour. Le nouveau génois fait notre bonheur, finie l'allure de tortue, Suricat retrouve sa vélocité digne du petit animal de brousse.

 

Nous touchons un premier mahi-mahi (dorade choryphène) qui finit par se détacher, encore loupé, ça devient une habitude et nous frustre au plus haut point. Deuxième touche, nous perdons la ligne, je ne divulguerai pas l'identité du membre d'équipage qui toucha l'installation et décrocha la ligne de son support mais le résultat est un poisson, une ligne et un leurre de perdu. Encore loupé!

Au moment où nous arrivons à destination, nous remontons les lignes dépités… et quelle exultation lorsqu'en tirant nonchalamment sur la dernière pour la ranger, elle résiste et force et laisse apparaître un magnifique (l'apanage des premiers) mahi-mahi. Enfin !!

 

Nous improvisons une technique qui deviendra incontournable vue son efficacité prouvée: pendant qu'Eric remonte la bête qui se démène comme une endiablée, je prépare la serviette qui sert à tout et bloque la bestiole gluante au sol pendant que Maminou apporte le petit verre de rhum du condamné… vite fait bien fait, un petit coup de rhum dans les ouïes et plus personne ne bouge. Ni effusion de sang ni coup de queue malencontreux, jeu, set et match, nos futurs repas sont assurés et la fierté inonde l'équipage.

 

Sur le chemin du retour, quelques jours plus tard, nous avons notre revanche. Et 1, et 2 et 3 mahi-mahi ! en l'espace d'une demi-heure, à la fin de l'envoie, on touche ! Toujours plus gros et plus beaux les uns que les autres, les magnifiques dolphin fishes s'enchaînent dans le cockpit.

Serviette et rhum démontrent leur efficacité implacable. Nous aurions pu nous contenter d'un poisson mais notre honneur et notre avidité de pêche en jeu, tant que nous gagnons, nous jouons. Il y a comme une jouissance atavique à sortir sa nourriture droit de ce garde-manger bleu profond, nous ne pouvons nous résigner à arrêter la pêche.

 

Cette fois-là nous garderons un poisson pour nous (4 repas pour 6 sur une bête!) et vendrons le fruit résiduel de notre pêche au petit restaurant de la "marina" de Little Farmer Cay, pour 50$, au vieux bahaméen propriétaire de la bicoque qui aura fait une belle affaire.

 

Je m'essaie à l'art du vidage de poisson sous les directives précieuses et précises du capitaine et j'y trouve même beaucoup de plaisir (mais que m'arrive-t-il?? ai-je changé à ce point??). Je me réjouis tout de même que nous ayons vendu les deux autres car je n'en aurais pas dépecé tout l'après-midi non plus…

 

2 mois que nous sommes partis de Floride et c'est à peine maintenant que nous étrennons notre barbecue tout neuf offert par Papinou et Maminou, à croire que nous attendions leur retour pour enfin pêcher et griller nos premières darnes.

 

Faute d'abri adéquat nous avions manqué Shroud Cay lors de notre première descente des Exumas. Bien nous en a pris de revenir sur nos pas pour découvrir cette île si différente des autres. Une immense mangrove la parcoure, les palétuviers bien implantés au milieu du sable fin et de l'eau cristalline.

 

 

Au bout de la mangrove on débouche sur une plage de sable rose, déserte, incroyable. Je pense qu'à cet instant Papinou et Maminou ne regrettent pas leur long périple jusqu'aux Bahamas.

 

Pas âme qui vive près de ce caillou aussi beau qu'inhospitalier. Et pourtant, c'est ici que nous tombons sur un voisin bateau comme on aimerait en croiser partout. Jean, du voilier SEBAS, passe nous saluer à la nage. Encore un adorable canadien ou plutôt QUEBECOIS !, qui a de plus le mérite d'être électricien et mécanicien, un ange gardien en quelques sortes…

 

Il tombe à pic car, n'en pouvant plus des couinements ininterrompus de notre vie de mulet (pièce de bas de mat faisant la jonction avec la bôme), Eric se lance dans le changement de la pièce.

Nous avions emporté avec nous la pièce neuve, mais encore fallait-il réussir à extraire l'ancienne, tellement usée et incrustée (inox sur aluminium…) que, n'eussent été les outils professionnels de notre voisin bateau, l'ancien vie de mulet aurait été impossible à extraire.

 

Et tant qu'à y être, il jette un oeil à notre frigo qui rechignait à faire du froid et nous répare même cela. Il n'accepte même pas qu'on le dépanne d'une nourrice d'essence en échange: "un canadien ne se laissera jamais acheter par un français!" nous lance-t-il en riant. Rien à faire, son aide sera totalement altruiste et nous laissera encore pantois devant la gentillesse de la communauté de bateau…

 

 

Cette deuxième descente des Exumas est aussi l'occasion pour nous de nous essayer à notre première navigation sous grain. Pas loin de 5 heures de navigation à tirer des bords dans un grain dense et opaque.

 

Je découvre ce que cela signifie… en quelques secondes, nous passons de 7 noeuds à 27 noeuds en touchant le grain. Impressionnant! On n'y voit rien et on est trempés jusqu'à l'os, mais c'est le métier qui rentre.

 

Le plus difficile pour moi à ce jour est de me cantonner à un rôle d'exécutante. Il y a un capitaine, et Eric est bien plus entraîné et sûr de lui que moi, et pourtant je n'arrive pas à intégrer cette donne et ne peut m'empêcher, à chaque manoeuvre comme à chaque mouillage ou à chaque virement de bord, de donner mon avis, vouloir analyser… décider… ce qui fini par déstabiliser l'équipage entier et parfois pousse à la faute...

 

Des années à prendre les initiatives et donner les orientations et maintenant je dois apprendre à tenir mon rôle de second, sinon c'est stress et erreurs garanties. "La boule" revient dans ces moments là, l'angoisse de ne pas être sûre, ne pas maîtriser, ne pas savoir sans pour autant vouloir m'appuyer les yeux fermés sur les compétences de l'autre.

Encore du travail sur moi-même pour apprendre à lâcher du lest et changer de rôle. C'est l'équilibre de l'équipage et la sécurité de la navigation qui en dépend, surtout à 27 noeuds...

 

Parfois cependant ma peur de mon ombre n'est pas une si mauvaise alliée et je dois continuer à l'écouter en sourdine. Nous retournons devant l'île du magicien (Musha Cay, magnifique île de David Copperfield) et partons en famille faire un long tour en dinghy jusque vers une île déserte d'où l'on peut admirer l'île privée de la star de Las Vegas. Celui-ci ne s'est pas contenté du sort jeté à la sirène (voir journal de bord précédent). Ce petit facétieux nous jette à nous aussi un désagréable sortilège: lorsque nous entamons notre long retour au bateau, le moteur du dinghy se met à toussoter et perd sa puissance, comme à bout de souffle.

 

A l'aller je luttais contre la petite voix qui me susurrait "on aurait du prendre la VHF portative; on aurait du prendre la VHF portative, on aurait du prendre…." Et bien oui, on aurait du prendre la VHF portative!! 18h30 au soleil couchant, le courant de la passe à traverser, les 6 sur l'annexe (réparée la veille d'une crevaison) et les filles congelées après leur longue baignade, nous avançons tant bien que mal au ralenti, en retenant un peu notre souffle qu'on retrouvera arrivés sur le bateau, et jamais l'ambiance n'aura été aussi silencieuse à bord que pendant cet interminable retour. Le sortilège cesse à peine arrivés au bateau où le moteur repart comme en quarante mais il aura eu le mérite de nous inscrire dans le crâne et de nous faire pour une fois tomber d'accord: "jamais sans ma VHF!!".

 

Malgré le pédiluve casse-gueule et l'épisode de retour épique sans VHF avec un moteur en rade, Anne-Marie de ne nous en veut pas et s'attelle à une tache ardue sous les directives stakhanovistes de son fils: coudre à vue une housse de protection pour notre annexe qui fait un peu honte en l'état actuel et qui s'use rapidement. Elle y passera des heures, tôt le matin avant même d'avoir droit au petit-dej et tard le soir alors que tout le monde dort… Jean a également droit à sa part de labeur, de winch, de découpage-ponçage et autres tâches ingrates. Merci à eux pour leur aide et leur patience!

 

Nous finissons le séjour de nos premiers invités en beauté avec la célébration des 6 ans de Coline au bord de la plage déserte au pied des "falaises" de Lee Stocking Island, sous l'ombre du grand pavois apporté par les grands parents. Au programme de la journée de fête, tirage par le papa en annexe des filles dans leur petit bateau gonflable rouge acheté pourtant au magasin chinois de Tahiti et qui a la vie étonnamment longue, préparation du gâteau au chocolat, baignade "au cul du bateau", ballade sur la plage et Monopoly de fin de journée. Dure jeunesse pour notre Coco des îles, parce qu'elle le vaut bien!

 

 

Retour à George Town début mai pour ramener Jean et Anne-Marie et commencent alors 15 jours assez interminables à attendre pièces et papiers pour le bateau.


Nous n'avons toujours pas nos papiers de "registration" de St Martin définitifs car ils ont du être refaits étant donnés que le premier jet était bourré d'erreurs aussi significatives que mon nom de famille, les marques et numéros de série des moteurs ou encore le nombre de personnes autorisées à bord (limité à 4, c'est à dire visite d'amis ou famille interdite!).

Apres des semaines de mails laissés sans réponse, de relances téléphoniques avec un skype capricieux, nous finissons par récupérer 6 mois après l'achat du bateau nos papiers de pavillon définitifs sans lesquelles nous n'aurions pas pu rejoindre nos prochaines destinations. OUF!


Nous attendons de Fort Lauderdale un bout de rail de 8 mètres de long qui doit être changé sur le mât. Le fournisseur nous avait vendu un coulisseau de têtière non adapté aux catamarans qui a eu pour conséquence de s'arracher lors de notre toute première navigation, endommageant au passage tout le haut de notre rail de mât. Palabres et menaces par mail et par téléphone, ils finissent par nous promettre une nouvelle pièce neuve mais dans le doute du modèle, nous n'en avons toujours pas, et nous offrent royalement 50% de discount sur le rail a changer. Tout cela nous obligera a démâter un jour, engendrera encore des coûts exorbitants, et pour l' instant on navigue avec un ris pour ne pas faire passer la GV sur les parties endommagées et Eric a fait une réparation de fortune pour que l'ensemble tienne la route le temps qu'il faudra…
A nouveau dédouanement sans fin, hors de prix, qui nous fait perdre de précieuses journées sur notre futur parcours, la saison cyclonique approchant.


Pendant ces 15 jours nous en profitons pour travailler sur le bateau: Eric démonte et remonte a nouveau la porte d'entrée pour l'agrément de roulettes toutes neuves,  change la drisse de GV qui menaçait de rompre à tout moment, fait les vidanges moteurs en bataillant comme un fou pour enlever les anciens filtres à l'huile totalement bloqués… petit à petit le bateau s'améliore… mais à quoi bon avoir un beau bateau si l'on ne navigue pas!


Il est grand temps de reprendre la mer et la route de notre aventure après ces 15 jours léthargiques!


Direction l'ile la plus au sud des Bahamas à l'est de Cuba, Great Inagua. De là nous traverserons pour Cuba et son exotisme. Cuba sera certainement le no man's land de la connexion internet. Prochaines news des Suricat lorsque nous en serons partis (a priori début juillet quand nous prendrons la route du Guatemala) !

 
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