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Accueil Journal de bord SPANISH WELLS & ROCK SOUND - 8-15 mars 2013 - Plutôt PINDER ou plutôt CURRY

Plutot Pinder ou plutôt Curry?

Une petite navigation tranquille nous emmène de Hoffman Cay à Spanish Wells, notre prochaine destination repos , visite et retour à la "civilisation".

En chemin nous croisons un drôle de jet orienté à 45 degrés au milieu du grand bleu...
Un petit tour plus tard sur internet nous apprendra que nous avions croisé la route d'un cachalot. Dans notre course à l'arrivée "on time", nous n'avons pas pris le temps de nous dérouter (tout affaler aussi...) un peu pour suivre cet animal si rare, bien dommage et leçon à retenir pour la prochaine fois.

Spanish Wells est une petite ile "proprette" qui dénote avec ce que nous avons vu jusque là des Bahamas. Petites maisons colorées partout, jardinets bien taillés, rues et plages idylliques. Ici, rien ne dépasse.

Les filles voient partout "la maison de Hello Kitty" et il est vrai que cet endroit est digne d'un petit village de dessin animé.

L'île n'est pas uniquement peuplée de blancs, elle est uniquement peuplée par 3 familles semble-t-il! Un petit tour devant le cimetière nous montre qu'ici, on est soit un Pinder, soit un Curry, soit un Russell. Apparemment c'est les Pinder qui gagnent partout: le supermarché c'est Pinder market, la station service c'est encore Pinder, les camions poubelles ou encore les bateaux, c'est encore et toujours Pinder!

La population que nous croisons a un petit côté aryen un brin dérangeant, et parfois même, on dirait qu'ils ont oublié l'adage "Curry sur Pinder, tout est clair. Curry sur Curry, rien ne va plus." 

Mais nous apprécions fortement de trouver un supermarché et faire un peu de ravitaillement, pas vraiment nécessaire mais ma peur de manquer et mon gout pour l'anticipation me poussent tout de même à racheter quelques denrées. Je suis vite freinée par les prix qui frisent dangereusement les tarifs de Tahiti, on ne se jette pas sur n'importe quoi…

 

Raison de plus pour m'y mettre enfin! Je fais mon pain "maison" aidée des filles. On est loin d'un petit pain de chez Paul, mais je ne saurais comment expliquer le plaisir que l'on ressent à faire sa propre denrée de base, sur un mouillage au milieu de rien, ça devient le meilleur pain de la terre.

Pétrir sa pâte, la laisser gonfler pendant qu'on fait l'école, la repétrir encore et se faire enfin des bons sandwichs avec, c'est loin d'être banal, c'est comme une grande victoire pour moi de vivre sur ma maison flottante sans manquer de rien.

Je choisis d'essayer d'entrée de jeu la cuisson à la cocotte minute conseillée par Franz. Premier pain un peu cramé cuit directement en fond de cocotte avec un peu d'huile. Deuxième pain un peu spongieux cuit dans le panier vapeur mais bon aussi.

Nous changeons de mouillages à plusieurs reprises sur ces 5 jours passés ici en fonction du vent qui tourne un coup nord, un coup ouest, un coup sud… (voir les bons mouillages à Spanish Wells).

 

Parfois des bateaux de pêche à la langouste nous frôlent les moustaches.

Nous découvrons que ces bateaux bizarres que nous apercevions de loin dans le Bank sont des bateaux de pêche qui tournent en permanence et trainent derrière eux 5 petits bateaux qui vont et viennent relever les casiers, ces fameuses trappes étranges que nous avions aperçues dans le Bank.

Si nous avions su plus tôt, nous aurions peut être bravé le froid de la mer pour aller jeter un oeil sous ces plaques de tôles qui gisent un peu partout au fond du Great Bahama Bank! Malgré tout ces bateaux, toujours pas gouté la moindre langouste, c'est un comble! 

Eric avait bien tenté au milieu du Bank d'attraper quelques crevettes qui longeait le bateau.

Malheureusement, aucun épuisette à bord. Alors bien sûr, système D leçon numéro 2, nous nous étions lancé dans la construction de notre propre épuisette.

 

La recette est assez simple, plus simple que les roulettes au Teflon. Pour le cadre, un cadre de panneau de pont fait l'affaire (tout le monde n'a pas ça sous la main, nous oui!).

Un vieux bout de filet tendu au milieu et , pour avoir des mailles bien fines, nous condamnons un bout de tissu moustiquaire que nous avons acheté en prévision des futurs endroits chauds que nous traverserons. La gaffe fera office de manche.

Pour plaisanter je dis à Eric que les crevettes ne passent le long du bateau que de 20h à 21H. Nous finissons l'épuisette à 21H15.

Ma blague un peu simplette s'avère être réalité… plus une seule crevette à l'horizon…

Notre épuisette ramasse péniblement un bébé poisson que nous relâchons aussi sec et un crabe gros comme l'ongle du pouce… Bredouilles certes mais notre épuisette servira peut être un autre jour. Pour le moment, nos papilles se contenteront encore du thon en boite faute de langouste ou de crevette…

 

Les filles se sont bien faites à la vie à bord. Un peu en quête de nouvelles têtes tout comme nous. Le soir, nous leur montrons souvent des documentaires animaliers sous marins (Le Peuple des Oceans, magnifique) et Eden, chaque fois qu'elle aperçoit une tortue ou une raie se baladant toute seule, s'exclame "la pauvre!!! elle a plus ses copines!!!".

Nous comprenons bien ce leitmotiv et espérons pouvoir bientôt leur faire croiser le chemin d'autres petits mousses. Pendant 2 jours à Spanish Wells nous lions connaissance avec Chip qui voyage seul avec ses deux enfants, Elena 9 ans et John 6 ans. La barrière de la langue joue un peu en la défaveur des enfants. Au bout de 2 jours le contact finit par s'établir mais nos routes divergent, ils rentrent sur la Floride après 6 mois de voyage et nous descendons vers le sud. 

Chip m'apprend qu'il faut nettoyer les fruits et legumes trouvés ici à l'eau avec un peu de "bleach" (javelle). J'avais résisté à l'envie de balancer le bidon de bleach qu'Eric avait acheté à la laverie de Fort Lauderdale et qui avait eu raison des couleurs de la moitié de nos habits. Bien m'en a pris car je l'utilise maintenant pour rincer les fruits et légumes et les débarrasser des oeufs de mouches et donc nous éviter de futures nuées de bestioles dans le bateau. Entre ça et les conseils de Franz d'envelopper chaque élément dans du papier journal et les stocker dehors dans des filets suspendus, la conservation de ces denrées précieuses a l'air assez bien assurée!

 

Nous devons souvent recadrer les choses car la vie à bord nécessite que tout le monde y mette du sien. Je sermonne un peu les filles: - " A bord encore plus qu'à terre, chacun doit faire attention à l'autre, respecter l'autre, respecter l'espace de vie, sinon tout part en sucette!!" - "Des sucettes???? où ça?????". Eden semble avoir compris la leçon, c'est le principal.

 

Nous reprenons notre route vers le Sud, direction les Exumas. Eric souffre depuis plusieurs semaines d'une méchante tendinite. Les 3 mois de travaux intensifs après 7 ans d'inactivité derrière son bureau ont eu raison de son coude, ou son épaule, ou les deux. Il lui faut du repos, je me coltine donc toutes les manoeuvres.

Ca tombe bien, je voulais me tonifier et me faire un corps de rêve, alors à moi l'exclusivité des hissages de grand voile et de l'usage du winch !! 

 

Nous profitons de navigations agréables à l'intérieur d'Eleuthéra.

Cette sensation d'instant présent en bateau est tout à fait unique. Nous sommes tellement concentrés sur le vent, les voiles, la mer, les mouillages, l'organisation de la vie à bord, que nous avons du coup très peu de temps (ou d'envie?) de nous préoccuper des jours ou des semaines qui viendront.

Nous avons encore de bons soucis mécaniques et administratifs, et pourtant nous parvenons à les occulter et à profiter de voguer tranquillement sur les flots, ou bien moins tranquillement mais en constante concentration. C'est sans doute cette sensation de vivre l'instant qui nous change le plus de notre vie de terrien. L'anticipation s'arrête au prochain réglage, prochain bord et au prochain mouillage. 

 

Nous faisons un stop d'une nuit à Hatchet Bay pour dormir dans un mouillage bien protégé.

Nous repartons dès le lendemain pour une navigation de 30 miles vers Rock Sound. Conditions parfaites, 12 noeuds environ toute la journée au portant, nous pouvons vivre quasiment comme au mouillage pendant ce genre de navigation. Eric pêche un poisson qui ressemble malheureusement etrangement à un barracuda. Nous ne voulons pas tenter le diable de la ciguaterra, nous l'avons évitée pendant toutes ces années à Tahiti, ce n'est pas pour l'attraper ici, alors nous relâchons notre prise, bien déçus...

 

Bien évidemment, nous avons attendu les 20 noeuds de vent toute la journée pour avancer plus vite au portant mais rien ne s'est passé. L'arrivée sur Rock Sound se fait en pilotant à vue entre les patates de corail. Etant données les conditions tranquilles, nous décidons de ne pas mettre les moteurs et tout faire à la voile sur ces quelques miles restants sur le chenal etroit. Je prends la barre pendant qu'Eric scrute les tâches noires et m'oriente à coup de "abats!! / lofe!!" poste debout sur le roof.

Et à l'instant même où nous approchons de la première patate de corail, le vent forcit d'un coup et monte direct à 20 noeuds, avec des pointes à 23 noeuds. Ce vent est décidément farceur. Pour rire nous avions imaginé qu'il se lèverait pile au moment délicat de l'arrivée. Il ne nous a pas déçu mais n'a pas compris que nous plaisantions...

Je slalome donc à la barre entre les tâches sombres, le bateau fonce à plus de 8 noeuds ( pour nous avec un ris et notre genois pas adapté, 8 noeuds est une performance), je suis les bras et Eric les yeux, et le plus dingue dans tout ça... c'est que je m'éclate. Dire qu'il y a 2 mois encore je slalomais entre les cases de formules de mes tableaux Excel...

 

Rock Sound a un joli mouillage, un petit bar restau plage (Pascal's) avec une serveuse adorable et ancienne guide touristique qui nous donne toutes les informations dont nous avons besoin. Nous pouvons y faire un ravitaillement en eau avec nos trois petits bidons de 10 litres, quelques courses au supermarché tout proche qui nous ramène même gentiment en voiture au dinghy dock. Les gens sont souriants, serviables et pas avares en conseils et infos en tous genre.

 

Nous attendons dans ce petit bled du bout du monde le départ pour les Exumas.

Arriver un vendredi soir est un traquenard ! C'est le soir de la fête du village qui se fait sur la plage, la musique techno à bloc et impossible d'y échapper. Aucun mouvement au mouillage mais allez donc dormir au beau milieu d'une boite de nuit. Nous avions fui les nuisances sonores de Tahiti et la première nuit à Rock Sound est digne des pires concerts en plein air de notre ancien chez nous !! La fiesta dure toute la nuit alors un conseil, arriver ici plutot un samedi !

Nous allons louper à 2 semaines près la grande fête de l'année qui dure 5 jours dans les rues de Rock Sound pour Pâques. Dommage pour le coup ! 

 

Je profite de ce journal pour remercier au passage tous nos lecteurs, assidus ou non, et tous ceux qui nous encouragent par écrit ou juste en pensée. Cela nous fait chaud au coeur et nous fait nous sentir entourés même au milieu de rien, comme si nous étions tous ensemble à bord de Suricat. Apparemment pas d'acces internet aux Exumas en prevision, reste la balise que nous avons trafiquée pour qu'elle n'ait plus besoin de piles et doit maintenant fonctionner bien plus régulièrement ! 

 
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